Le travailleur nocturne, le couche tard ou l'insomniaque seraient-ils plus à risque de cancer que les personnes se couchant de bonne heure et surtout dans un environnement complètement obscur?
Comme le fait remarquer George Brainard Ph.D., un professeur en neurologie de l'Université Thomas Jefferson ayant étudié durant 20 ans les effets de la lumière sur la biologie humaine, l'humanité a vécu sans éclairage électrique durant des milliers et des milliers d'années. Le corps humain est fait pour être en activité durant les heures ensoleillées de la journée, et il est fait pour dormir durant l'obscurité de la nuit.
Le monde moderne a modifié les règles de la nature. L'homme dispose maintenant d'un éclairage artificiel nocturne, particulièrement puissant dans les grands centres urbains, et les habitudes d'activités se sont modifiées, de nombreuses personnes occupant des emplois dont l'horaire de travail peut-être la nuit, sans parler des noctambules qui resteront actifs et éveillés jusqu'aux petites heures du matin.
Ce rythme de vie va complètement à l'encontre du rythme biologique normal, appelé le rythme circadien. Un rythme interne, alternant l'action et le repos, l'éveil et le sommeil. Ce rythme naturel qui est synchronisé avec la luminosité naturelle du jour et de la nuit.
La rupture d'une loi naturelle, qui n'est pas sans conséquences
Une étude publiée en 2001, par l'ةcole de Médicale de Harvard, a démontré que des infirmières ayant travaillé sur une période de 30 ans avec un horaire incluant des présences nocturnes, on constatait un taux de cancer du sein plus élevé de 36% par rapport aux infirmières travaillant seulement le jour.
Suite à cette constatation, les chercheurs ont multiplié les études et de nouveaux résultats ont été publiés récemment. Les résultats sont encore plus révélateurs : une augmentation de 48% des cas de cancers chez les travailleurs nocturnes par rapport aux travailleurs de jour.
L'exposition à la lumière durant la nuit aurait donc une incidence très significative sur le risque accru de certains types de cancers. Les travailleurs nocturnes ne sont pas les seuls à risques celui-ci existe pour toute personne étant exposée, durant la nuit, à un éclairage artificiel (cela inclus la luminosité des écrans de télévision ou de moniteur d'ordinateur, les néons des enseignes, etc.
Intensité lumineuse et production hormonale
Certaines parties de notre cerveau sont notamment occupées par une tâche très importante qui consiste à régler le flux de différentes hormones dans l'organisme. Une de ces hormones, la mélatonine est produite lorsqu'une région du cerveau reçoit le signal de l'obscurité.
La mélatonine abaisse la pression sanguine, ralentit les fonctions corporelles et elle a pour effet principal d'induire le sommeil, mais ce ne serait pas sa seule action.
Toutes les cellules de l'organisme disposent de récepteurs de la mélatonine, et lorsqu'elle est présente dans le courant sanguin, les cellules diminuent leurs activités. Toutes les cellules, y compris les cellules cancéreuses.
Des recherches menées par Steven Hill, Ph.D. professeur à l'Université Tulane, suggèrent que lorsque la mélatonine est en contact avec une cellule du sein cancéreuse, elle freine sa croissance. En fait, la mélatonine semble avoir un effet protecteur contre différents cancers favorisés par certaines hormones sexuelles (cancer du sein, des ovaires, testicules)
Les seules cellules à ne pas être ralenties dans leur action, par la présence de la mélatonine, sont les cellules du système immunitaire, au contraire, la mélatonine stimule l'action des interleukines-2.
Le lien évident semblant exister entre la réduction de la mélatonine et l'augmentation du développement de cancers, ne fait cependant pas l'unanimité de tous les chercheurs.
Comme le rappelle l'oncologiste Marisa Weiss M.D., il y a de nombreuses hormones qui agissent et interagissent dans l'organisme et ont une influence dans le développement de certains cancers, et il n'est pas facile de pouvoir déterminer avec certitude l'influence exacte de chacune d'entre elles.
Selon la Dre Weiss, il est malgré tout probable qu'il y ait un rapport dans l'association mélatonine, lumière et cancer.
Comment se protéger?
Dormir dans l'obscurité la plus complète :
Il est important d'occulter au maximum les fenêtres, pour éviter autant que possible les lumières provenant de l'extérieur (néons, lampadaires, etc.).
Dormir plus de 8 heures par nuit.
Une étude finlandaise à démontré que les femmes qui dormaient 9h ou plus par nuit, présentaient 30% moins de probabilité d'être atteintes d'un cancer du sein, par rapport aux femmes qui dormaient une moyenne de 7 ou 8 heures par nuit.
Utiliser une veilleuse de couleur rouge.
Si vous avez à vous lever la nuit, n'allumer pas la lumière normale. Favorisez l'utilisation d'une veilleuse ayant une ampoule rouge. La lumière de couleur bleue ou celle diffusée par les tubes fluorescent sont les plus dommageables.
Le matin, exposer vous autant que possible à la lumière solaire.
Si vous le pouvez exposez votre visage pour une dizaine de minutes à la lumière solaire. Cela donnera à votre organisme un signal clair que la nuit est terminée et vous en serez d'autant mieux réveillés.
Avec l'âge, exposez-vous plus souvent à la lumière solaire.
Avec l'âge, le cerveau capte moins facilement la lumière solaire (jusqu'à 1/3 de moins). Une exposition plus fréquente est alors nécessaire. Cela peut-être en restant simplement derrière une fenêtre
Utiliser des suppléments de mélatonine?
La plupart des médecins sont unanimes pour déconseiller l'utilisation de suppléments de mélatonine. Ces suppléments sont soit synthétisés, soit d'origine animale. Mais il s'agit d'une hormone aux effets trop puissants et trop peu connus, pour que son utilisation puisse être considérée comme sécuritaire.