Droits et devoirs de l’enfant )
Le creux de l’actualité sur le thème peut être mis à profit pour s’arrêter quelques instants sur l’idée même que l’enfant pourrait avoir des droits.
"Vous feriez mieux de leur parler de leurs devoirs ! " m’avancent régulièrement certains; d’autres me disent que les enfants ont bien trop de droits : "L’enfant est roi en France!; on pourrit les enfants avec leurs droits!. Si on ne leur parlait pas de leurs droits ils seraient moins délinquants! "
Ces réflexions ont un art incommensurable pour m’irriter le poil comme en 1989 m’avait franchement irrité le "Qui a peur de Pavel Morozov?" d’Alain Finkielkraut qui, dans Le Monde attaquait au lance-flamme, ceux dont j’étais bien sûr qui soutenaient que l’enfant puisse avoir des droits autres que celui d’être "élevé" par ses parents et surtout par ses enseignants !
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D’abord, parce qu’il est erroné de prétendre d’une manière péremptoire que, dans ce pays, l’enfant est roi . Si certains enfants de France rendent chèvre certains parents qui ne demandent que cela et, si plus largement, le sort des enfants de France est relativement enviable, on ne peut pas oublier que ce pays compte 1 million d’enfants pauvres selon les critères français et deux millions si on retient les critères européens. En Seine Saint-Denis, on estime que 5 000 enfants vivent dans la rue. Tout simplement, les conditions de vie de trop d’enfants sont difficiles, très difficiles. Leur environnement est d’abord un univers de violence : la violence familiale, la violence de la rue, la violence du statut, la violence du sentiment d’injustice, la violence surtout de l’absence d’espoir. Alors, l’évocation de l’enfant-roi me fait bien rire jaune!
Je ne supporte pas plus que l’on lie indéfectiblement droits et devoirs. Certes certains droits sont gagés par des devoirs (par exemple on a le droit de s’exprimer, pas d’injurier ou de diffamer), mais ce n’est pas le cas des droits fondamentaux. Le droit d’être respecté dans son corps n’est gagé par aucun devoir! C’est un droit fondamental ! La personne qui croise une autre personne qui ne lui met pas la main aux fesses n’a pas à la remercier ! Il nous faudrait même affirmer plus haut et plus fort que certains droits humains ne sont gagés par rien, sinon qu’ils s’imposent à tous.
Et puis, comment ne pas réagir devant le discours consistant à dire "Vous aurez des droits quand vous respecterez vos devoirs! " ? Sinon que l’on commet une erreur fondamentale : c’est bien parce qu’elle me reconnaît comme personne individuelle ou collective qu’une société peut exiger de moi ou de mon groupe le respect de certaines règles du jeu. Comment respecter une loi et un ordre qui ne vous protègent pas, voire qui vous dénient dans votre existence de sujet ?
Ces dernières décennies , les termes du débat ont été clarifiés grâce notamment à la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant adoptée le 20 novembre 1989. On parle de moins en moins des droits sur l’enfant : encore que le débat sur les violences à enfants, sur l’excision ou sur les mariages forcées y ramène régulièrement. La société refuse désormais la toute puissance parentale sur l’enfan.
On parle de plus en plus du droit à l’enfant même si on doit affirmer que l’enfant est une personne qui n’appartient à personne
On parle de plus en plus du droit de l’enfant et de la capacité que peuvent avoir les enfants à exercer leurs droits ce qui ne veut pas dire que les parents n’ont plus de responsabilités à leur égard et que l’enfant est un adulte en miniature.
Amis blogueurs, avant de réagir à 150 à l’heure sur cette note, n’oubliez pas qu’on appelle enfant l’individu de moins de 18 ans et que l’enfance étant marquée de plusieurs étapes, on ne peut pas mettre sur le même pied le foetus, le bébé, le petit enfant, le pré-ado , l’ado et le presque adulte !
Chacun trouvera dans l’ actualité des "échos très forts de toutes ces questions esquissées.
Ceux qui voudraient approfondir pourront aller au supplément "Les droits de l’enfant " des ASH de cette semaine et bien sûr au chapitre V de ma bible "Le dispositif français de protection de l’enfance" (Éditions Jeunesse et Droit). A lire aussi le rapport parlementaire Bloche-Pécresse